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Tout est silencieux dans le manoir, cette nuit, quand Jonathan sort de sa chambre. Les rares bougies qui éclairent les couloirs renforcent l’aspect sinistre de la demeure, sans parler de l’écho que produisent le son de ses chaussures claquant sur le carrelage. Plus d’une fois, le jeune homme tressaille à cause du grincement d’une porte ou du hurlement du vent dans le lointain. Son cœur bat la chamade dans sa poitrine, à la fois de peur et d’excitation, alors qu’il s’enfonce toujours plus profondément dans l’antre du Diable.
La partie la plus rationnelle de son esprit le supplie de faire demi-tour et de retourner se coucher, mais il l’ignore, préférant relire le mot qu’il a trouvé sur son oreiller en allant se coucher ce soir-là, et qu’il tient serré dans ses mains.
“Viens dans la chambre du comte cette nuit. Quand sonnera minuit, nous t’y retrouverons.”
Et bien sûr, Jonathan n’a pas hésité une seconde à suivre les indications du papier, sur lequel il a pu reconnaître l’écriture maladroite de Sorci. Ce n’est pas la première fois que le vampire l’encourage à sortir de sa chambre à la nuit tombée. Jusqu’à présent, Jonathan n’a pas eu à s’en plaindre, au contraire.
D’accord, il a cru mourir de peur lors de sa toute première expédition nocturne, mais même celle-ci en a valu le coup.
La seconde aussi, qui lui a pourtant valu de douloureuses morsures dans le cou et à des endroits qu’il préfère ne pas citer, était fort… lucrative.
D’accord, il est vrai que ce mot-ci est le premier qui indique qu’ils ne seront pas que deux, et cette idée laisse l’humain assez perplexe.
Enfin, toujours est-il que ce soir marque sa treizième promenade dans les couloirs du manoir et au fond de lui, Jonathan ne peut s’empêcher d’imaginer tout un tas de scénario tous plus loufoques et horribles les uns que les autres.
Peut-être que ça y est, les vampires se sont lassés de sa présence ici. Peut-être que le comte en a marre de devoir partager Mina avec un autre homme. Peut-être qu’ils vont le vider entièrement de son sang et jeter son corps aux loups.
Pourtant, malgré ses craintes, Jonathan ne ralentit pas l’allure. Sa curiosité est plus grande que sa peur.
Enfin, après un trajet qui lui semble durer une éternité, il arrive à la chambre du comte Dracula. Les coups qu’il donne à la porte s’en vont rebondir sur les murs du couloir derrière lui et Jonathan rentre la tête dans les épaules, inquiet d’attirer les autres habitants des lieux ici.
Mais personne ne vient.
Le battant de bois devant lui s’ouvre sans un son. Le jeune homme hésite une seconde avant de franchir la dernière limite entre la sécurité et l’inconnu.
La chambre est plongée dans le noir. Pourtant, à peine Jonathan a-t-il fait deux pas à l’intérieur que de nombreuses chandelles s’allument tout autour de lui, révélant un environnement luxueux et totalement désert. La porte qu’il vient de passer se referme, arrachant un sursaut au clerc de notaire.
Le silence retombe aussitôt, à peine interrompu par la respiration du jeune homme. Incertain, il continue d’avancer dans la pièce, guettant le moindre signe de vie.
Enfin, de vie…
Façon de parler.
-Bonsoir, dit soudain une voix à sa droite.
Jonathan émet un jappement surpris et pose aussitôt une main sur sa poitrine. Puis il tourne la tête en direction du bruit et sent un certain soulagement naître en lui.
Sorci est là, perché sur les genoux de Dracula. Les deux vampires semblent l’attendre depuis un moment. Leur mise en scène donne envie de rire à Jonathan, mais il se contient. L’heure n’est pas à la moquerie.
En dehors de la chambre, une pendule se met à sonner les premiers coups de minuit. Le son se répercute jusque dans le ventre de Jonathan, qui sent une sueur froide lui dégringoler le long du dos.
Il n’a pas peur, mais il est tout de même un peu inquiet.
Sorci a l’air inhabituellement calme, lui qui est d’ordinaire toujours agité, bruyant et imprévisible. Sans compter qu’il porte une tenue des plus simples, rien d’autre qu’une chemise noire et un pantalon de la même couleur. Pas de froufrous ni de motifs extravagants. S’il ne souriait pas comme à son habitude, Jonathan s’interrogerait sur la capacité des vampires à tomber malades.
-Bonsoir, finit par répondre l’humain quand il réalise qu’il n’a encore rien dit.
-Le comte se demandait si tu allais venir, annonce le blond.
L’autre vampire fronce sensiblement les sourcils et Jonathan le voit pincer discrètement la cuisse de l’autre homme. Sorci se contente de rire et d’appuyer un baiser au coin de la bouche de son créateur.
Puis ses yeux dépareillés reviennent se poser sur Jonathan, qu’il regarde désormais avec gourmandise.
-Le comte a une proposition à te faire. Tu peux la refuser si tu le souhaites, il n’insistera pas.
-J’écoute, dit Jonathan, qui cherche à se mettre aussi à l’aise que possible, appuyé contre une commode.
-Il aimerait nous regarder faire l’amour, laisse tomber Sorci sans la moindre gêne.
L’humain, qui venait de réussir à trouver une position confortable, perd l’équilibre à cause de la surprise et manque de se fracasser sur les dalles de marbre. Il réussit à rester debout mais s’étrangle tout de même sur sa salive. Les deux vampires attendent patiemment qu’il reprenne ses esprits.
La main de Dracula, jusque-là sagement posée sur la jambe de Sorci, a dérivé pour s’enrouler autour de son ventre, d’une manière qui ne pourrait être qualifiée que de possessive. Le blond, pour sa part, se fond un peu plus dans l’étreinte de son aîné, le menton appuyé sur le haut de la tête du comte.
-Nous… Comment ça, nous regarder? bafouille Jonathan, les joues écarlates.
-Je peux difficilement être plus clair, fredonne Sorci avec un haussement d’épaules indifférent.
-Mais pourquoi?
-Pourquoi pas?
-Cela ne se fait pas, voyons!
-Partager sa fiancée avec un autre homme non plus.
Cette fois, la voix de Sorci est plus grave et Jonathan comprend que c’est le comte qui s’adresse à lui. Il n’a jamais vraiment compris comment faisaient les amants de Dracula pour savoir exactement quel mot dire à la place de leur créateur. Peut-être est-ce dû à une forme de contrôle psychique, ou alors leur longue vie ensemble a suffi à mettre cette symbiose en place.
“Ce n’est pas vraiment l’heure de penser à faire une étude sociologique des vampires, John!” se fustige l’humain, qui secoue la tête.
-Vous pouvez refuser. Je ne vous en tiendrais pas rigueur, poursuit le blond.
Jonathan ouvre la bouche, prêt à déclarer haut et fort qu’en effet, il est contre cette idée saugrenue. Le regard de Sorci le retient pourtant de dire non tout de suite.
Le vampire a presque l’air… suppliant.
L’humain fronce les sourcils. S’il y a bien une chose que son amant ne fait jamais, c’est supplier.
-Je peux te parler une minute en privé? finit par dire le clerc de notaire.
Sorci le fixe une seconde, interdit. Ce n’est que quand il regarde Dracula et que ce dernier approuve d’un signe de tête qu’il accepte de quitter les jambes du comte. Jonathan l’emmène à l’extérieur dans la chambre et referme la porte derrière eux.
-Je peux savoir pourquoi ça a l’air de compter à ce point pour toi? demande le jeune homme.
Pour une fois, Sorci n’essaie même pas de répondre par énigme. A la place, il se penche contre Jonathan, les yeux brillants.
-Il est très rare que le comte veuille participer à ce genre de choses. C’est un honneur qu’il te fait, tu sais.
-En quoi regarder est participer? marmonne Jonathan.
L’idée de se sentir épié pendant qu’il s’adonne aux plaisirs de la chair avec Sorci a de quoi le perturber. Il a déjà envoyé tant de ses principes valser depuis qu’il est ici, pourquoi continue-t-on de lui en demander toujours plus?
-Tu sauras quand on s’y mettra. Crois-moi, le jeu en vaut la chandelle.
-Tu ne vois vraiment aucun problème à ce que quelqu’un t’observe dans un moment pareil?
Le vampire hausse les épaules.
-En quoi est-ce gênant? Tu finiras par oublier qu’il est là de toute façon.
-Je n’en suis pas si sûr…
A ces mots, le sourire du blond se mue en une moue boudeuse. Jonathan frissonne quand ses bras s’enroulent lâchement autour de ses épaules et que ses ongles viennent effleurer la peau tendre de sa nuque. Les lèvres de Sorci, maintenant pressées tout contre les siennes, articulent très calmement:
-Tu ne me crois pas capable de te faire oublier le monde entier?
Et Jonathan sait, à la seconde où ses yeux croisent ceux de son amant, qu’il a perdu la partie. Un soupir tremblant lui échappe, arrachant un petit cri de victoire à Sorci. La seconde d’après, le couple pénètre à nouveau dans la chambre.
Dracula n’a pas bougé de sa place, comme s’il connaissait à l’avance le résultat. Jonathan frissonne sous l’intensité de son regard. Il mentirait s’il disait que le comte ne l’attire pas. Mais tout de même, imaginer l’autre le regarder alors qu’il se laisse aller entre les bras de Sorci…
C’est perturbant, et le mot est faible.
Sorci, pour sa part, essaie déjà de détendre l’humain. Sa bouche est à nouveau lovée contre celle du jeune homme tandis que ses mains se glissent sous les pans de son manteau.
-Laisse-moi deviner, ronronne le vampire, tu venais de rentrer quand tu as vu mon mot, et tu es venu aussitôt?
-En effet, baragouine Jonathan, qui peut sentir sa peau se couvrir de frissons à toute vitesse, tant à cause des attentions de son amant que du regard de Dracula, qu’il aperçoit par-dessus la tête de Sorci.
Le comte n’a toujours pas cillé, il fixe le clerc de notaire, plus impassible que jamais. Est-il censé prendre du plaisir à les regarder? Ça n'a pas l’air gagné, du moins pour l’instant.
-Ne t’occupe pas de lui, chuchote Sorci à son oreille, qu’il mordille du bout des crocs.
Jonathan gémit à ce geste et ses mains se cramponnent aussitôt au dos de la chemise du vampire. Il a toujours été particulièrement sensible à cet endroit et le blond n’a pas tardé à le découvrir, au grand dam de l’humain.
Enfin, Sorci le pousse vers le lit et Jonathan n’a d’autre choix que de s’y laisser tomber. Il perd ainsi Dracula de vue, tandis que son amant se hâte de le rejoindre et de s’installer à califourchon sur lui. Ses doigts intelligents reviennent se frayer un chemin dans le manteau de Jonathan, qu’il cherche manifestement à lui arracher.
Il n’y parvient pas: soudain, un cri douloureux lui échappe et il bondit en arrière, la main repliée contre sa poitrine, les yeux écarquillés. Derrière lui, Dracula semble prêt à intervenir.
Perplexe, Jonathan se redresse dans le lit.
-Qu’est-ce qu’il y a? s’étonne le jeune homme.
-Dans ta poche, répond Sorci. Quelque chose m’a brûlé.
-Brûlé? Je n’ai pourtant rien qui… Oh. Désolé, j’avais oublié…
Penaud, Jonathan récupère le crucifix qu’il porte toujours sur lui depuis son arrivée au manoir et l’extraie de son vêtement. La réaction ne se fait pas attendre: Sorci se met à feuler et Dracula grimace.
-Excusez-moi, je le range toujours d’habitude. Mais j’étais si pressé de venir que j’ai oublié, s’embrouille l’humain.
La colère des deux vampires retombe un peu à cet aveu, Sorci parvient même à avoir l’air flatté.
-Si vous me laissez une minute, je vais aller le mettre dans ma chambre et ensuite…
-Attend, l’interrompt Sorci, dont la tête est maintenant tournée vers Dracula.
Ils communiquent en silence pendant une minute, durant laquelle Jonathan prend tout de même la peine d’enrouler un bout de drap autour de son crucifix, juste au cas où. Enfin, le blond lui fait à nouveau face.
-J’ai envie d’essayer quelque chose, dit-il. Le comte est d’accord mais il interviendra au moindre problème.
-Et… Qu’est-ce que tu comptes essayer, au juste?
-Garde ton crucifix. Je veux que tu me le montres quand tu seras en moi.
Une fois de plus, Jonathan sent la stupéfaction s'emparer de lui.
-Quoi? Tu es devenu fou?! s’étrangle-t-il.
-C’est naïf de ta part de penser que je ne le suis pas déjà, rétorque Sorci avec un sourire arrogant.
-Mais ça pourrait te tuer!
-Oh s’il te plaît. Les crucifix nous affaiblissent mais il faudrait bien plus que a pour m’anéantir. Et je te l’ai dit, le comte nous arrêtera si on va trop loin.
Avant que Jonathan puisse protester, Sorci revient lui arracher un baiser enfiévré, qui fait disparaître les dernières inquiétudes de son esprit.
-S’il te plaît, murmure le vampire. Tu sais comme il est compliqué pour moi d’éprouver des choses… La douleur fait partie de celles que je n’ai pas ressenties depuis des siècles. Je suis curieux.
-Ai-je vraiment le choix?
-Pas vraiment.
-Alors promet-moi de me prévenir si ça ne va pas, s’il te plaît.
-Je te le promets.
Pour une fois, le vampire est tout ce qu’il y a de plus sérieux. Jonathan étudie son visage un instant avant de céder. Sans répondre, il pose le crucifix près de l’oreiller sur lequel il finit par s’appuyer. Sorci revient aussitôt à la charge. En moins d’une minute, l’humain se retrouve dénudé. Le vampire ne tarde pas à se débarrasser de ses propres vêtements et ils se retrouvent tous les deux nus, exposés au regard intéressé de Dracula.
Jonathan frissonne d’ailleurs quand il fait l’erreur de jeter un coup d'œil au comte. Ce dernier, toujours assis dans son fauteuil, le fixe droit dans les yeux. Une faim malsaine allume ses iris d’ordinaire si sombres alors que son regard dévie sur la gorge offerte de l’humain.
-Ne t’en fais pas, susurre Sorci, dont les crocs viennent justement taquiner le cou de Jonathan. Il ne te mordra pas. Ton sang est tout à moi.
Pour appuyer ses dires, ses crocs percent la peau de Jonathan et le jeune homme laisse échapper un long soupir de contentement.
La première fois que Sorci l’a mordu, il a paniqué et a manqué de crever un œil à son amant d’un coup de poing. Il faut dire que l’autre ne l’avait pas prévenu du tout.
Aujourd’hui, cependant, l’humain sait que ça ne craint rien. Sorci sait s’arrêter quand il faut. Et, hormis le côté nourricier de la chose, ce serait mentir que de dire que Jonathan n’y trouve aucun plaisir. Sentir la vie le quitter peu à peu pour aller réchauffer le corps glacial de son compagnon, éprouver l’humidité de plus en plus prononcée entre les jambes du vampire à mesure que ce dernier se régale de son sang, savoir qu’il est la cause d’un tel émoi…
Jonathan trouve toutes ces émotions grisantes.
Voilà pourquoi il accorde toute sa confiance à Sorci.
Sans compter qu’il a ainsi découvert que les vampires peuvent injecter un venin dans leur morsure, entre l’aphrodisiaque et le somnifère. Le produit est destiné à garder leur proie calme mais bien sûr, Sorci ne pouvait pas faire comme tout le monde: son propre venin n’a rien d’anesthésiant, bien au contraire.
Cette simple morsure suffit à faire bander Jonathan alors que le poison se répand dans ses veines et envoie des ondes de plaisir courir dans tout son organisme.
Un autre gémissement lui échappe quand son amant le relâche pour aller mordre son cou de l’autre côté. Il ne prélève qu’un tout petit peu de sang à chaque fois, de sorte à pouvoir infliger de nombreuses morsures à l’humain.
Jonathan le laisse faire, sachant pertinemment à quel point Sorci aime voir les yeux jaloux de ses sœurs se poser sur ces marques. Depuis que leur relation a été officialisée, Satine et Poison se sont vu interdire d’essayer de mordre Jonathan par Dracula lui-même. Ce “privilège” ne revient donc qu’à Sorci, et ce dernier adore le rappeler au monde entier.
Le troisième gémissement qui résonne dans la pièce, réalise soudain l’humain, ne provient pas de sa bouche mais de celle de son amant. Ce dernier se lèche les lèvres, aux coins desquelles brillent encore quelques gouttes écarlates.
-Délicieux, comme toujours, murmure le vampire, alors que ses hanches commencent à se balancer contre celles de l’humain, presque contre son gré.
Jonathan frissonne alors que son sexe se retrouve broyé sous l’entrejambe du vampire. La sensation de cette peau si froide sur la sienne, si chaude, lui arrache quelques halètements étouffés.
-Tu es si beau quand tu te laisses aller, ronronne encore Sorci, dont les mouvements deviennent rapidement erratiques, imprévisibles.
Faire l’amour avec le vampire est comme essayer d’étreindre un cyclone. C’est violent, désordonné, dévastateur.
Jonathan adore.
-John, reprend son amant, les crocs taquinant le lobe de son oreille, ne trouves-tu pas injuste que je fasse tout le travail?
-Si, pardon, baragouine le jeune homme.
Les doigts de sa main droite vont aussitôt trouver le clitoris du vampire, tandis que ceux de la gauche vont se perdre dans ses cheveux ébouriffés, qu’il ne tarde pas à tirer pour forcer l’autre à renverser la tête vers l’arrière.
Contre lui, le blond émet un petit cri de plaisir. Jonathan, encouragé par le son, se redresse jusqu’à pouvoir embrasser le cou vulnérable de son amant.
Le cri se mue aussitôt en gargouillis étranglé et l’humain peut sentir tout le corps du vampire bondir à sa rencontre.
C’est dans ces moments-là que Jonathan regrette de ne pas être lui-même une créature buveuse de sang. Il aimerait tant savoir ce que cela fait, de se nourrir de la vie d’autrui, de savoir précisément ce qu’éprouve Sorci quand il le mord…
En attendant de se décider à passer de l’autre côté, il se contente de taquiner la gorge de son compagnon avec sa langue.
Par-dessus l’épaule du blond, Jonathan aperçoit Dracula. Le comte ne les a toujours pas lâché des yeux et le jeune homme déglutit quand il le voit soudain quitter son siège. Sans faire de bruit, Dracula s’approche du lit. D’un mouvement du poignet, il déroule un long foulard juste au-dessus de la tête de Sorci. Jonathan ne sait absolument pas d’où sort l’objet, ni où il est fixé exactement, encore moins à quoi il sert.
Tout ce qu’il sait, c’est que Sorci s’y agrippe soudain de toutes ses forces, sans ralentir le mouvement de son bassin. Au regard interrogateur que lui lance l’humain, le vampire baragouine:
-Le comte veut que je tienne ça jusqu’à ce que tu jouisses. Je n’ai pas le droit de le lâcher pour me caresser ni pour te toucher. C’est à toi de jouer à partir de là.
Il ponctue sa dernière phrase d’un clin d'œil, et Jonathan sent le rouge lui revenir aux joues. Dracula, pour sa part, se penche vers son amant et appuie un bref baiser sur la tempe de ce dernier.
Puis il retourne s’asseoir, tandis que Sorci miaule son plaisir à ce simple geste.
Là encore, Jonathan sent une pointe de jalousie naître en lui. Ce qu’il ne donnerait pas pour avoir le même genre de lien qui semble unir les deux vampires…
-John, chéri, marmonne Sorci au-dessus de lui, le sortant de ses pensées. Ne me fais pas attendre trop longtemps, tu veux? J’ai vraiment faim.
-Bien sûr, pardon.
Ses doigts recommencent aussitôt à cajoler le clitoris du vampire et l’humain savoure les sons qu’il arrive à tirer du blond. Sorci n’a jamais été du genre à cacher ce qu’il ressent, peu importe les circonstances, et Jonathan a toujours trouvé qu’il a une voix magnifique.
La façon dont elle monte dans les aigus à mesure que le plaisir brut se répand dans son organisme, réchauffant un corps rendu froid depuis si longtemps… C’est un spectacle époustouflant.
Une pensée traverse soudain l’esprit embrumé de désir de Jonathan et, sans réfléchir, l’humain se redresse dans le lit.
Sorci émet un cri surpris alors qu’il se retrouve soudain assis sur les épaules de son cadet, les mains toujours agrippées au foulard, incapable de contrôler quoi que ce soit. Il est à la merci de Jonathan et ce dernier compte bien en profiter pleinement.
La position n’est pas aussi confortable qu’il le pensait mais ce n’est pas grave. L’objet de ses envies est désormais juste devant son visage et, avant que le vampire puisse comprendre ce qu’il se passe, la langue de l’humain se fraie un chemin en lui.
Jonathan ne pense pas avoir déjà entendu son amant hurler comme il le fait à cet instant précis, et il espère avoir de nouveau l’honneur de savourer ce son. Voilà pourquoi il ne perd pas plus de temps pour donner autant de plaisir que possible au vampire.
Sa langue colle un peu par endroit, à cause de la différence de température, et l’humain se demande brièvement s’il y a un risque qu’il se retrouve coincé. La situation aurait de quoi faire rire, mais il ne s’attarde pas sur cette idée.
Tout ce qui compte pour l’instant est de continuer à faire crier Sorci, et le jeune homme s’y emploie avec le plus grand professionnalisme.
-Bon sang, oh bon sang, s’étouffe Sorci au-dessus de lui, alors que ses hanches vont d’elles-mêmes à la rencontre de la bouche de l’humain. Ne t’arrête surtout pas, je te l’interdis, oh bon sang, juste là, oui! Oui, là! Jonathan! Continue!
“Je suis sûr que Dracula lui-même n’a jamais réussi à lui faire autant de bien.” se gargarise l’humain, s’amusant désormais à sucer le clitoris du vampire.
Comme pour confirmer ses pensées, un grondement sourd résonne depuis là où le comte est encore assis.
-Il… Il aime le spectacle, poursuit Sorci entre deux hoquets. Oh bon sang Jonathan, si tu continues comme ça, je vais…
Il ne termine pas sa phrase, le jeune homme le fait jouir avant. Un cri désarticulé quitte la bouche du vampire alors que son corps entier s’arc-boute contre Jonathan, sans pour autant qu’il ne lâche le foulard.
Satisfait, Jonathan se lèche les lèvres et se laisse retomber sur son oreiller, lui-même un peu à bout de souffle. Le goût de Sorci persiste sur sa langue et il le savoure avec le plus grand soin.
Au-dessus de lui, le vampire peine à se maintenir droit.
Tremblant d’anticipation, Jonathan réalise que si les jambes de son amant lâchent maintenant, ce dernier tombera directement sur son propre sexe, tendu fièrement contre la vulve du blond.
Et, alors qu’il s’apprête à dire ou faire quelque chose, peut-être avertir Sorci ou l’aider à rester stable, ce qui devait arriver arriva.
Ils crient tous les deux quand Sorci s’effondre soudain sur Jonathan. De surprise, de douleur, de plaisir, ils ne savent pas vraiment. Même Dracula émet un bruit étonné.
Sorci, les yeux clos, reste un long moment immobile. Jonathan, les ongles plantés dans les cuisses du vampire, cligne bêtement des cils, la respiration hachée.
Tout est arrivé si brutalement, il est maintenant prisonnier des chairs glacées de son amant, incapable d’aligner deux pensées cohérentes. Sans même s’en rendre compte, il commence à bouger, cherchant à s’enfoncer plus profondément à l’intérieur du corps souple du vampire.
Le mouvement soudain arrache un nouveau cri à Sorci. Jonathan peut voir dans ses yeux qu’il meurt d’envie de lâcher le foulard pour essayer d’arrêter l’humain, mais il ne peut décemment pas désobéir à Dracula. Le jeune homme est pourtant certain qu’il ne recevra aucune sanction de la part de son créateur. C’est simplement une question de faire plaisir au comte, rien de plus.
Désireux de grappiller un peu de l’attention que Dracula reçoit de la part de son amant, Jonathan continue donc de donner quelques coups de hanches expérimentaux. La vulve encore hypersensible du vampire se resserre autour de son sexe à chacun de ses assauts, tandis que Sorci continue de vocaliser tout ce qu’il ressent, la tête à nouveau renversée vers le plafond.
A présent, plus rien d’autre ne compte aux yeux de Jonathan que le visage tordu de plaisir douloureux du blond. Dracula peut bien faire ce qu’il veut, l’humain est persuadé qu’il n’a jamais pu arracher tant de frissons à l’autre vampire.
Puis, se rappelant soudain d’un détail, le jeune homme passe une main derrière sa tête et récupère son crucifix, toujours caché sous le drap.
Son bras libre, lui, s’enroule fermement autour de la taille de Sorci pour s’assurer que le vampire ne puisse pas fuir.
-Hé, marmonne Jonathan, qui peine de plus en plus à retarder son orgasme. Regarde-moi.
Sorci obéit presque aussitôt. Ses yeux vitreux mettent un moment à retrouver leur éclat habituel alors qu’il se concentre sur le visage de Jonathan. L’humain lui offre un petit sourire avant de glisser le crucifix entre eux.
Une fois encore, Sorci hurle. Son corps entier tressaille et tente de s’éloigner de la sainte croix, en vain: Jonathan raffermit sa prise et s’enfonce violemment en lui. Le jeune homme émet un gémissement sonore quand il sent le sexe de son amant se contracter brusquement de sa verge.
A présent, la douleur et le plaisir se partagent la scène dans le regard de Sorci. Son être tout entier semble déchiré entre se blottir davantage contre Jonathan et s’éloigner de ce satané crucifix.
Et surtout, il ne peut toujours pas lâcher le foulard. Ce qui signifie que Dracula accepte les tortures que fait subir l'humain à son compagnon.
Alors Jonathan continue de ravager Sorci de l’intérieur comme de l’extérieur, enivré par le pouvoir qu’il exerce sur le vampire.
Malheureusement, il sent déjà son orgasme se préparer dans le creux de son ventre. La fin du jeu est proche.
Désireux de finir sur une note plus marquante que toutes les autres, l’humain ne réfléchit pas à son prochain geste. Il peut voir les yeux de Sorci s’agrandir d’effroi alors que son bras bouge et, la seconde d’après, Jonathan presse le crucifix directement sur la peau tendre du ventre du vampire. Dès que le bout de la partie basse de l’objet effleure son clitoris, Sorci s’effondre.
Son cri vrille les tympans de Jonathan, ses cuisses lui broient les hanches et son vagin semble soudain se remplir de lave, consumant le sexe de l’humain.
Quand Jonathan retrouve la plus grande partie de ses facultés, il réalise trois choses.
Premièrement, il a joui et ne s’en est même pas rendu compte, terrassé par un plaisir si brut et si sauvage que son esprit semble tout bonnement s’être déconnecté pour lui éviter un infarctus.
Deuxièmement, Sorci est étalé sur le matelas devant lui, plus immobile qu’une statue. Seul le mouvement subreptice de ses cils indique à Jonathan qu’il n’est pas mort.
Troisièmement, Dracula a disparu.
Le troisième point n’est d’ailleurs que temporaire: bientôt, le comte réapparaît, les mains encombrées de serviettes, dont il se sert pour nettoyer le couple.
-J’ai cru que j’allais crever, dit Sorci d’une voix sifflante, tandis que son créateur essuie les fluides qui lui trempent l’intérieur des cuisses.
Puis Dracula appuie un nouveau baiser sur son front et vient s’occuper de Jonathan. L’humain se laisse faire, trop fatigué pour se sentir gêné.
Quand il a terminé, le comte l’embrasse aussi et s’éloigne, non sans avoir remercié l’humain du regard.
-Vous ne restez pas? s’entend dire le jeune homme.
Le vampire, la main déjà posée sur la poignée de la porte, lui adresse un sourire affectueux, avant de disparaître dans la nuit.
-En fait je pense que je suis crevé, poursuit Sorci de son côté, que Jonathan a toutes les peines du monde à tirer jusqu’à lui.
Le vampire semble avoir perdu toute capacité à bouger et l’humain se demande un instant s’il n’a pas détruit toutes les connexions nerveuses de son corps. Heureusement, le blond parvient à glisser sa main sur celle du jeune homme, les yeux déjà clos.
-Tout ça à cause d’un minuscule crucifix, murmure Jonathan, les lèvres pressées contre la racine des cheveux de son amant.
-Hmm. Incroyable, pas vrai? La prochaine fois, on essaiera dans une église, juste pour rire.
-J’espère que tu plaisantes.
-A moitié.
Malgré l’horreur que lui inspire un tel projet, Jonathan ne peut s’empêcher de sourire.
Le sommeil s’empare peu à peu de lui et il ne tarde pas à s’assoupir, les doigts gelés de Sorci toujours blottis contre les siens.
Pourvu que Dieu lui pardonne, même si ce n’est pas gagné.

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